Rencontre intime entre deux exceptionnels artistes cubains au sommet de leur art : le chanteur Maikel Dinza et le pianiste Rolando Luna, auteur des arrangements de ce disque, Por nosotros célèbre la richesse et la diversité de la musique populaire de leur pays. Maikel Dinza est unanimement reconnu pour l'excellence de son phrasé, la puissance de son timbre, la clarté de sa diction et son don d'improvisation, Rolando Luna pour sa virtuosité, le raffinement de ses accompagnements, l'originalité et la fraîcheur de ses idées et la beauté de son toucher, proche, parfois, de celui d'Ernesto Lecuona.
- L'émouvant bolero " Pensamiento ", de " Teofilito " (Rafael Gómez) avait été enregistré dès 1918 par les chanteurs Rita Montaner et Eusebio Delfín et plus tard par Teofilito lui-même, avec le Conjunto Ritmo Oriental. Dinza et Luna en offrent une exquise et tout à fait nouvelle version.
- " Lejos de casa ", de Dinza, évoque la nostalgie du musicien, baladin forcé, de par son métier, à errer loin de son foyer sur les routes du monde afin d'y transmettre son art.
- " Convergencia " de Bienvenido Julián Gutiérrez, écrit en 1938 et mis en musique par le chanteur " Rapindey " (Marcelino Guerra), est l'un des plus sublimes sones de la musique cubaine. Notamment enregistré par Machito, Miguelito Cuní, Pablo Milanés et Ibrahim Ferrer, il est traité ici comme une canción romantique, traitement qui en exalte toute la poésie, avec un bref et superbe solo de Luna.
- Autre joyau de la chanson cubaine, " Y tú qué has hecho ? " d'Eusebio Delfín, basé sur un poème anonyme, est interprété par Maikel Dinza et Rolando Luna à la manière d'un danzón (genre de musique issu de la contredanse, jadis apporté par les Français à Cuba).
- Le cha cha cha " Quizás, quizás, quizás " d'Osvaldo Farrés, popularisé dans le monde entier par " Nat King Cole ", est ici métamorphosé, de manière inattendue, en tango.
- " Noche azul " (à ne pas confondre avec le morceau du même titre de Lecuona) est une composition de Maikel. On notera l'osmose parfaite entre la voix chaleureuse de ce dernier, à l'admirable vibrato, et le piano cristallin de Luna, tissant de subtils filigranes.
- " Silencio ", lyrique chanson du grand compositeur portoricain Rafael Hernández, est le seul morceau du disque qui ne soit pas cubain mais Cuba et Porto Rico ont toujours entretenu des liens musicaux privilégiés. Dinza et Luna l'interprètent avec une finesse et une sensibilité lui rendant parfaitement justice.
- " Goza mi tumbao " de Dinza (différent du morceau homonyme d'Arturo Sandoval) atteste les qualités de sonero (interprète de son mais aussi, par extension, chanteur capable d'improviser des paroles sur-le-champ) de celui-ci ainsi que l'inventivité rythmique de Luna, justement sollicité, à Cuba et ailleurs par d'innombrables orchestres et chanteurs, pour ses effervescents tumbaos (formules rythmiques).
- Sur " Dame la señal ", sa composition, Maikel Dinza, également pianiste, s'accompagne lui-même avec maestria.